The Blues Brothers

En un mélange détonnant de rythm and blues chanté et dansé, de courses poursuites délirantes, de pirouettes burlesques et d’explosions loufoques, John Landis, franc-tireur de la volée spielbergienne passé expert en pastiches potaches et autres comédies cinéphiles, prolonge dans ce gros succès le courant nostalgique instauré notamment par American Graffiti de Lucas (1973) tout en ouvrant de manière ludique et décomplexée la décennie des eighties de Prince, Madonna et Jackson (dont Landis réalisera le clip Thriller).

À sa sortie de prison, Jake retrouve son frère : mi-clochards futés, mi-« men in black » flegmatiques, ils ont tous les deux onze jours pour gagner honnêtement 5000 dollars afin de sauver de la faillite l’orphelinat dans lequel ils ont grandi.

Tels des samouraïs et autres mercenaires, les voilà qu’ils se donnent pour mission – une mission divine, apparue comme une épiphanie clinquante au cours d’un prêche gospel-blues scandé par le révérend Cléophus (James Brown himself) – de réunir une équipe, de recréer leur band et de monter un concert lucratif, alors qu’ils ont à leurs trousses toute la police de l’Illinois, un groupe de hargneux chanteurs de country, une ex-fiancée à l’armement lourd et une meute de néo-nazis. Sur leur chemin, ils rencontrent notamment, à l’occasion de scènes qui se muent en clips et poussent les figurants à se déhancher, des stars comme Ray Charles ou Aretha Franklin dans le rôle de personnages secondaires qui, en un glissement progressif de la réplique parlée au chant, brillent le temps d’un titre issu du répertoire du R&B de Chicago ou de la soul new-yorkaise (« Shake a Tail Feather », « Think »). Jubilatoire pour qui se laisse prendre au rythme et au jeu.

Alain Boillat, (CEC, Unil)